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Aïssatou Diop : Ambassadrice de l’héritage culturel africain

 

Aissatou Ndeye Aïda Diop, femme au parcours aussi riche que singulier, se dresse comme une figure emblématique de la culture africaine contemporaine.


Si l’on pourrait penser qu’elle a été plongée dès son plus jeune âge dans un univers artistique, la réalité de son cheminement est bien différente. Elle a su, à travers des détours inattendus, forger son identité et sa passion pour l’art et la culture.

 

Son aventure débute au croisement des sciences. Après avoir obtenu un baccalauréat S5, Aissatou se dirige vers l’agroalimentaire, plongeant dans l’étude de la biologie, de la chimie des aliments et de l’agronomie. Pourtant, cette voie, bien qu’académiquement prometteuse, ne lui parle pas. Un sentiment d’étouffement s’installe, et c’est en quête de sens qu’elle décide de réorienter son parcours. Comme elle le dit si bien : « j’étais  brillante dans un domaine qui ne me parlait pas. Je ne faisais aucun effort. » Elle aspire alors à étudier l’histoire de l’art et la communication culturelle, mais c'est finalement vers la gestion du patrimoine qu’elle se tourne. Ce choix n’est pas le fruit du hasard : il marque le début d'une quête pour faire entendre les récits africains, racontés par leurs propres voix. Même son look vestimentaire et capillaire rappelle cette volonté.

 

La Sénégalaise, d’origine Saint-Louisienne s'engage alors pleinement dans son travail, collaborant avec musées, institutions culturelles et festivals. Elle coordonne des expositions, conceptualise des résidences artistiques, et accompagne des artistes dans la structuration de leurs projets. Chaque expérience, qu'elle soit couronnée de succès ou ponctuée d'échecs, contribue à l’enrichir et à lui rappeler l’importance de sa mission. Elle affirme avec conviction : « je fais en sorte que l’histoire africaine ne soit pas seulement racontée par les autres, mais aussi par nous-mêmes, avec nos mots, nos images, nos sensibilités. »


Des moments inoubliables…

 

Parmi les moments marquants de sa carrière, la construction du Centre Yennenga reste inoubliable. Ce projet ambitieux, né de la vision du réalisateur Alain Gomis, vise à offrir aux cinéastes africains un espace de post-production à Dakar. Aissatou a investi son énergie et sa passion pour transformer cette idée en réalité, mobilisant partenaires et ressources pour créer un lieu de formation et de créativité. « Je crois que je ne me suis jamais autant investie dans un projet que dans celui du Centre Yennenga. » Elle se souvient avec émotion de la satisfaction d’avoir vu cet espace vibrant de vie et d’opportunités pour les cinéastes africains.

 

Visage angélique orné d’un joli diastème, elle aborde également la question de la place des femmes dans l’art et la culture. Elle constate que, bien qu’elles soient présentes, leur visibilité et leur reconnaissance demeurent limitées. Elle-même a fait face à cette réalité : souvent réduite au silence dans les réunions ou considérée comme une simple exécutante. Mais avec le temps, elle a appris à revendiquer sa voix et ses droits, comprenant que la solidarité entre femmes est essentielle pour faire avancer les choses. Elle déclare avec force : « quand une femme ouvre une porte, elle doit s’assurer que d’autres puissent passer après elle. ».


Elle évoque avec admiration des figures comme Maimouna Dembele et Aisha Dème, qui lui ont montré que l’ouverture de portes pour les autres est une manière de faire progresser l’ensemble du collectif.


 

Les inspirations d’Aissatou sont multiples et variées. Elle cite avec ferveur Mame Annette Mbaye d’Erneville pour son engagement dans la mémoire, Ken Bugul pour son audace, ou encore Fatou Kandé Senghor pour son regard visionnaire sur l’image. Chacune d’elles, à sa manière, lui rappelle l’importance de laisser une empreinte indélébile : «il ne suffit pas d’exister, il faut occuper l’espace, dire les choses, laisser une marque indélébile. »

 

La création de Héritage For Africa est une étape clé dans son parcours. Aissatou ambitionne de révolutionner la perception du patrimoine africain, le transformant d’un héritage figé en un levier de transformation sociale et économique. Elle conçoit des projets novateurs qui intègrent arts, digitalisation et artisanat, tout en veillant à ce que les nouvelles générations s’approprient leur histoire comme une force. Elle explique : « trop souvent, le patrimoine est perçu comme une charge. Or, il peut être un moteur économique, un levier de transformation sociale. »

 

Pour Aissatou, l’art est un outil puissant de revendication et de changement. Elle l’a bien compris lors de sa collaboration avec le Comité International de la Croix-Rouge, où l’art visuel a permis d’aborder des sujets délicats comme le déplacement interne. « Parfois, une image frappe plus fort qu’un discours », dit-elle, illustrant ainsi le pouvoir évocateur de l’art. À travers son engagement, elle œuvre pour que l’art devienne un espace de mémoire et de documentation, une voix pour ceux qui sont souvent oubliés.

 

Son parcours entrepreneurial, parsemé d’échecs et de succès, lui a enseigné l’importance de l’adaptabilité. Chaque détour, chaque défi, a contribué à la construire et à la renforcer. Elle mise aujourd’hui sur la structuration et la vision à long terme, entourée de personnes de confiance, cultivant des écosystèmes où la transparence et l’entraide priment. Elle rappelle avec sagesse : « l’important n’est pas d’avoir un parcours sans embûches, mais de toujours avancer avec détermination. »

 

À celles qui souhaitent se lancer dans ce monde complexe, Aissatou a un message clair : osez. Osez croire en vous, même face au doute. « Rien ne se construit en un jour, et tout ce que vous entreprenez, même imparfaitement, a de la valeur. » Entourez-vous de personnes positives et engageantes, apprenez à fixer vos limites et n'attendez pas une validation extérieure pour affirmer votre place. « Le monde se nourrit de regards neufs, d'histoires inédites, de visions singulières. Il n’attend pas votre perfection, il attend votre sincérité. »

 

Aissatou Ndeye Aïda Diop est bien plus qu'une fondatrice. Elle est une pionnière, une visionnaire qui redéfinit les contours de la culture africaine en rendant hommage à son héritage tout en ouvrant la voie à un avenir radieux.

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