
Préserver le patrimoine africain : un impératif culturel, social et historique
- Maria
- 5 mai
- 2 min de lecture
L’Afrique est une terre d’histoire, de traditions et de savoirs millénaires. Son patrimoine, aussi vaste que diversifié, constitue un héritage inestimable, non seulement pour les peuples qui y vivent, mais pour l’humanité tout entière. Pourtant, ce patrimoine est menacé, fragilisé par des défis contemporains tels que le changement climatique, le développement incontrôlé, les conflits et parfois même l’oubli.
Aujourd’hui, seulement 12 % des sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial sont africains, alors que 39 % des biens du continent figurent sur la Liste du patrimoine mondial en péril, selon l’UNESCO.

Ces chiffres traduisent une réalité préoccupante : l’Afrique peine à protéger ses trésors culturels et naturels, et elle est souvent sous-représentée dans les grands débats internationaux sur la préservation du patrimoine.
Mais qu’est-ce que le patrimoine africain ?
Il va bien au-delà des monuments et des sites historiques. C’est une mémoire vivante, transmise de génération en génération, à travers les récits des griots, les danses rituelles, les traditions culinaires et les langues locales. C’est une richesse façonnée par l’ingéniosité des peuples, visible dans les anciens manuscrits de Tombouctou, les pharmacopées traditionnelles, ou encore les systèmes d’organisation sociale hérités des royaumes d’Afrique. Ce patrimoine est à la fois matériel et immatériel, historique et contemporain.

Le Sénégal illustre parfaitement cette diversité. L’île de Gorée, avec son histoire poignante liée à la traite négrière, demeure un symbole fort de mémoire et de résilience. Saint-Louis, ancienne capitale coloniale, témoigne de siècles de métissages et d’échanges culturels.
Les mégalithes du Sine-Saloum intriguent encore les chercheurs sur les sociétés anciennes qui les ont érigés. Au-delà des sites, le Sénégal est aussi riche de son patrimoine vivant : le mbalax et le sabar résonnent à travers le pays, les griots perpétuent les récits ancestraux.

Mais alors, que faire pour préserver cette richesse ?
L’action collective est nécessaire. L’UNESCO et d’autres organisations internationales renforcent leurs efforts pour protéger les sites en péril, sensibiliser les populations locales et mobiliser des ressources pour la conservation. Toutefois, la préservation du patrimoine ne peut être l’affaire exclusive des institutions. Les Africains doivent être les premiers gardiens de leur propre héritage : promouvoir leurs cultures, exiger des politiques de protection adaptées, et inscrire ce combat dans une dynamique de transmission.

Il est impératif de sensibiliser les jeunes générations, car c’est à travers elles que le patrimoine africain restera vivant. Les écoles et les universités doivent intégrer ces enjeux dans leurs programmes, les artistes et les écrivains doivent raconter ces histoires, et les médias doivent leur donner la place qu’elles méritent. Car un site oublié, une tradition perdue, une langue abandonnée, c’est une partie de l’identité africaine qui disparaît à jamais.
Sauvegarder le patrimoine, c’est aussi un acte de souveraineté. C’est refuser que l’histoire africaine soit uniquement racontée par ceux qui l’ont pillée. C’est revendiquer une place légitime dans le récit mondial. C’est faire entendre la voix de l’Afrique et rappeler que ce continent, bien plus qu’un carrefour de civilisations, est une matrice culturelle.
À travers Tand’Art-Ma et d’autres initiatives culturelles, cet engagement prend tout son sens. Documenter, raconter, transmettre : chaque histoire partagée est une pierre ajoutée à l’édifice de la mémoire collective. Car au-delà de la préservation, il est essentiel de raconter nos histoires.
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