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Sortie de livre, Fatou Taha se livre.

  • Photo du rédacteur: Maria
    Maria
  • 25 avr.
  • 3 min de lecture

"Certains disent qu’il faut tourner la page, que la douleur s’efface avec le temps. Mais qu’en est-il quand cette absence vous habite jour et nuit, quand le vide devient une présence permanente ?"

Dans Ce lait orphelin, Fatou Taha Kane met des mots sur l’indicible, offrant une voix à ceux qui traversent la perte d’un enfant dans le silence et l’incompréhension.

Biographie

Née le 23 décembre 1988 au Sénégal, Fatou Taha Kane est une passionnée du cinéma, de l’écriture et de la cuisine, trois domaines qui ont façonné son parcours singulier.


Dès l’âge de 14 ans, elle découvre son amour pour les médias en animant des émissions de radio. Cette passion la conduit à étudier le journalisme à l’ISSIC de Dakar, avant de poursuivre sa formation artistique à Acting International à Paris, où elle perfectionne son approche du cinéma et du théâtre pendant trois ans.


Réalisatrice et auteure, elle a dirigé trois courts-métrages, dont "Interdit de famille", sélectionné au Festival de Cannes dans la catégorie Short Corner en 2016. Ce succès souligne son talent et sa détermination à raconter des récits marquants.


Aujourd’hui, elle continue d’explorer l’écriture et le cinéma, tout en célébrant ses racines sénégalaises à travers la cuisine et la narration visuelle.

L’interview !


1. Origine du livre

Qu’est-ce qui t’a poussée à écrire Ce lait orphelin ?

J’ai ressenti un besoin viscéral de partager mon histoire afin de donner une voix à ceux qui portent une douleur similaire. Ce livre est non seulement un témoignage, mais un hommage à tous ces enfants qui n’ont jamais grandi et à leurs familles qui portent cette absence.


Peux-tu nous raconter le moment où tu as su que ce livre devait exister ?

Il y a eu ce jour précis où la solitude s’est fait insoutenable. Malgré la présence de mon mari et de mes proches, un vide persistait. Quelques jours après l’enterrement de notre fils, j’ai compris que garder cette douleur pour moi serait une autre forme d’étouffement. Écrire était une nécessité, une libération et une manière de donner du sens à ma souffrance.


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2. L’écriture comme catharsis

L’écriture a-t-elle été une forme de catharsis ou

un défi émotionnel ?

Les deux. Elle m’a permis de mettre des mots sur une douleur brutale, mais elle a aussi ravivé des émotions que je croyais avoir maîtrisées. C’est pourquoi ce livre a demandé cinq années d’écriture. Chaque phrase était une bataille entre apaisement et tourmente.


As-tu ressenti des doutes dans ton processus créatif ?

Étonnamment, je n’ai jamais douté de ma capacité à écrire ce que je ressentais. Mais j’ai craint l’accueil du public. Ce sujet reste tabou. Me livrer ainsi était un défi. Pourtant, face au choc post-traumatique que j’ai vécu, il était essentiel que ce livre existe.


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3. Une réflexion sur le tabou de la perte

Pourquoi d’après vous ce sujet n’est pas abordé au Sénégal ?

Parce que la douleur d’une mère est souvent minimisée. Quand j’ai perdu mon fils, certains me disaient : "Tu es jeune, tu en auras d’autres." Comme si un enfant pouvait être remplacé. On évoque la volonté divine, ce que je respecte, mais on oublie l’aspect humain : celui du besoin de soutien, d’écoute, de reconnaissance.


Les choses évoluent-elles ?

Oui, lentement. Les médias abordent davantage le sujet, notamment dans les séries et les discussions publiques. Mais cela ne suffit pas. Nous devons aller plus loin et offrir un réel accompagnement aux familles touchées, y compris les frères et sœurs des enfants disparus.


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4. Ton approche artistique

Comment le cinéma et le théâtre influencent-ils ton écriture ?

Ces arts m’ont appris l’importance de la narration émotionnelle et visuelle. Cela m’a permis d’écrire un livre où chaque page est une scène que l’on ressent plutôt qu’une simple histoire que l’on lit.


Une adaptation est-elle prévue ?

Oui, sous forme de documentaire. J’aimerais rencontrer d’autres femmes et familles dans divers pays, recueillir leurs récits et briser le silence autour de ce sujet.


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5.L’impact du livre

Quel est ton message clé ?

L’espoir. Même face à l’irréparable, il est possible de se reconstruire. Ce livre est une invitation à ouvrir le dialogue, à exprimer la douleur sans crainte du jugement.


Un conseil à ceux qui hésitent à raconter leur histoire ?

Ne jamais avoir honte de sa souffrance. Partager son récit, c’est reprendre le contrôle sur sa propre histoire et permettre à d’autres de se sentir moins seuls.



 
 
 

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